À la charnière entre le 19ème et le 20ème siècle, le foreur de puits de pétrole Daniel Plainview (Daniel Day-Lewis) se laisse engloutir par la nappe noire de son ambition, et renie tout ce qui fait de lui un être humain pour accéder à la richesse et au pouvoir. Il se heurte à un jeune prédicateur illuminé, Eli Sunday (Paul Dano), dont le principal tort à ses yeux est de manipuler la foi des gens comme lui manipule leur vénalité...
J'attendais ce film avec une certaine impatience, et je suis déçue, même si cette déception était prévisible étant donné l'unanimité fort suspecte manifestée par l'ensemble des critiques (c'est comme ça, un chœur parfait me dérange, dans l'éloge comme dans le dénigrement). Certes je n'avais aimé aucun des films précédents de P.T. Anderson. Ce n'est pas que je les trouvais mauvais, c'est seulement que rien en eux, ni mise en scène ni interprétation, ne me touchait. Je n'en étais pas moins déterminée à laisser sa chance à There will be blood, quand ce ne serait que pour Daniel Day-Lewis, que j'idolâtre. My beautiful laundrette, L'insoutenable légèreté de l'être, My left foot, Le dernier des Mohicans, Gangs of New York (pour ceux que j'ai vus): une filmographie à l'image de son anatomie, sans graisse superflue, rien à jeter. Et sa nouvelle performance était annoncée comme ébouriffante.
Hé bien.... à mes yeux, pas tant que cela (c'est le problème avec ces très grands acteurs, on devient exigeant, on a vu mieux). Il y a des morceaux de bravoure où l'incandescence de Day-Lewis fait merveille, c'est sûr, lorsqu'il remue ciel et terre et déplace les foules pour faire tomber toujours plus de terres pétrolifères dans son escarcelle. Mais le film compte à peu près la même proportion de moments qui sombrent dans le burlesque le plus épais à force de cabotinage débridé (le final est à ce titre le symptôme extrême de cette maladie qui grignote l'intérêt que l'on peut porter à l'histoire).
Comprenez-moi bien: je ne me suis pas pour autant ennuyée, et les plus de 2h30 passent sans douleur. La mise en scène ne souffre d'aucun défaut, la photographie fait plus que simplement justifier son Oscar (certains lents travellings avant, utilisés comme motif récurrent, m'ont régalée), mais.... Au bout du compte, la psychologie des personnages est à ce point vue de l'extérieur, contemplée à la surface de visages impassibles et de gestes rares (le jeune fils de Plainview, notamment), que l'on peine à y discerner des nuances, sans parler d'une quelconque évolution dans le temps. Dans le même ordre d'idées, l'affrontement entre l'entrepreneur et le pasteur revêt l'apparence d'une opposition stylisée entre deux archétypes (le règne de l'argent contre celui de la foi), et tout le film s'articulant autour de ce conflit se résume à une métaphore, voire une parabole, émaillée de citations biblico-cinéphiliques (un peu de 2001, l'odyssée de l'espace, un peu de Pique-nique à Hanging Rock, un peu de Citizen Kane ou de Aviator, on secoue et on sert frappé) qui achèvent de désincarner les personnages et de nous détacher d'eux. Et l'on sort avec la certitude d'avoir assisté, de loin, à un spectacle brillant mais qui a échoué à nous toucher en profondeur - un comble pour un foreur.
J'attendais ce film avec une certaine impatience, et je suis déçue, même si cette déception était prévisible étant donné l'unanimité fort suspecte manifestée par l'ensemble des critiques (c'est comme ça, un chœur parfait me dérange, dans l'éloge comme dans le dénigrement). Certes je n'avais aimé aucun des films précédents de P.T. Anderson. Ce n'est pas que je les trouvais mauvais, c'est seulement que rien en eux, ni mise en scène ni interprétation, ne me touchait. Je n'en étais pas moins déterminée à laisser sa chance à There will be blood, quand ce ne serait que pour Daniel Day-Lewis, que j'idolâtre. My beautiful laundrette, L'insoutenable légèreté de l'être, My left foot, Le dernier des Mohicans, Gangs of New York (pour ceux que j'ai vus): une filmographie à l'image de son anatomie, sans graisse superflue, rien à jeter. Et sa nouvelle performance était annoncée comme ébouriffante.
Hé bien.... à mes yeux, pas tant que cela (c'est le problème avec ces très grands acteurs, on devient exigeant, on a vu mieux). Il y a des morceaux de bravoure où l'incandescence de Day-Lewis fait merveille, c'est sûr, lorsqu'il remue ciel et terre et déplace les foules pour faire tomber toujours plus de terres pétrolifères dans son escarcelle. Mais le film compte à peu près la même proportion de moments qui sombrent dans le burlesque le plus épais à force de cabotinage débridé (le final est à ce titre le symptôme extrême de cette maladie qui grignote l'intérêt que l'on peut porter à l'histoire).
Comprenez-moi bien: je ne me suis pas pour autant ennuyée, et les plus de 2h30 passent sans douleur. La mise en scène ne souffre d'aucun défaut, la photographie fait plus que simplement justifier son Oscar (certains lents travellings avant, utilisés comme motif récurrent, m'ont régalée), mais.... Au bout du compte, la psychologie des personnages est à ce point vue de l'extérieur, contemplée à la surface de visages impassibles et de gestes rares (le jeune fils de Plainview, notamment), que l'on peine à y discerner des nuances, sans parler d'une quelconque évolution dans le temps. Dans le même ordre d'idées, l'affrontement entre l'entrepreneur et le pasteur revêt l'apparence d'une opposition stylisée entre deux archétypes (le règne de l'argent contre celui de la foi), et tout le film s'articulant autour de ce conflit se résume à une métaphore, voire une parabole, émaillée de citations biblico-cinéphiliques (un peu de 2001, l'odyssée de l'espace, un peu de Pique-nique à Hanging Rock, un peu de Citizen Kane ou de Aviator, on secoue et on sert frappé) qui achèvent de désincarner les personnages et de nous détacher d'eux. Et l'on sort avec la certitude d'avoir assisté, de loin, à un spectacle brillant mais qui a échoué à nous toucher en profondeur - un comble pour un foreur.