samedi 24 janvier 2009

Les noces rebelles (Revolutionary Road) - Sam Mendes, 2008


Il ne faut décidément jamais dire "Fontaine, je ne boirai pas de ton eau": j'ai bien fini par voir Revolutionary Road (je n'ai pas très envie d'utiliser le titre français que je trouve absolument débile), en dépit de ce que je disais ici. Une fois n'est pas coutume, j'ai été appâtée par un bref extrait, et je me suis dit "What the hell", quoi, allons-y.

Et me voici retournée au-delà de ce que j'escomptais. Le film n'est pas parfait, il s'en faut, mais même en ne touchant pas toujours juste il s'attaque à un sujet auquel je suis très sensible. À savoir: les idéaux que l'on porte en soi, la volonté de s'accomplir dans la vie et la peur de ne pas y parvenir, les compromis que l'on fait inévitablement et qui parfois font dévier du chemin que l'on s'est fixé, et éloignent d'une personne qu'on a aimée.

C'est en résumé ce qui arrive au jeune couple Wheeler. Excédée par leur vie en camaïeux de beige (superbe photographie en tons désaturés), April tente un ultime va-tout en proposant à Frank qu'ils aillent refaire leur vie à Paris (l'idéal de la vie bohème aux yeux d'un américain banlieusard des années 50, probablement). Elle propose une inversion de rôles puisqu'elle travaillerait tandis que lui "chercherait sa voie", ce qu'il n'a jamais eu l'occasion de faire. Frank se laisse convaincre, semble même un moment affronter avec un grand plaisir les réactions diversement incrédules ou sceptiques de leur entourage, avant de se laisser doucement enliser par sa force d'inertie naturelle: après tout, on lui propose une promotion, et puis ce plan d'évasion n'est pas très réaliste après tout, et enfin voici April qui tombe enceinte. Autant d'excuses qui respirent la mauvaise foi (une promotion dans cette compagnie détestée, à quoi bon? on ne peut donc pas avoir un enfant à l'étranger?) et, fondamentalement, le manque d'envie de réellement changer de vie. April, qui est mise devant le fait accompli par les petites lâchetés muettes de son mari, n'est absolument pas dupe, et le seul qui ne l'est pas davantage qu'elle est le "fou" de l'histoire, révélateur archétypal, mais douloureusement lucide, de l'insanité des autres personnages. April est désormais seule, et elle le sait....

Je n'en dirai pas plus pour ne pas dévoiler la fin du film. J'ai été profondément secouée par la mise en scène, qui s'attarde délibérément dans tous les creux mœlleux de cette vie banlieusarde (et qui du coup, à ce que j'entends comme critiques, semble bien lente), et par l'interprétation (notamment celle de ma chère Kate, et oui, l'identification a fonctionné à plein), qui hurle la détresse de ces captifs semi-volontaires, April qui n'ose s'évader seule (et place la barre trop haut?) et Frank qui se replie sur la sécurité en la maquillant en conquête... S'épanouir est déjà ardu lorsqu'on est seul, cela devient pour ces deux-là impossible car ils ne regardent plus dans la même direction.

lundi 12 janvier 2009

Kate rules!


Yes she can! Kate Winslet vient d'obtenir le Golden Globe de la meilleure actrice et celui du meilleur second rôle féminin, la même année, pour deux films différents (Revolutionary road et The reader, respectivement).

Je ne sais pas ce que valent ces films, à vrai dire je m'en moque un peu (je ne suis même pas sûre de chercher à les voir lorsqu'ils sortiront), ce qui me fait en revanche très plaisir c'est de voir récompensée (et de quelle manière!) une actrice que je tiens depuis longtemps pour une des toutes meilleures (et des plus belles, n'en déplaisent à ceux qui raillèrent ses saines rondeurs dans Titanic), dès son incarnation enflammée de Marianne Dashwood dans Raison et sentiments de Ang Lee, en fait (je n'ai découvert que récemment son fait d'armes antérieur, Créatures célestes de Peter Jackson). Et puis Jude de Michael Winterbottom, Eternal sunshine of the spotless mind de Michel Gondry... s'il ne fallait retenir que cela de sa filmographie, ces femmes un peu enfantines et très folles, profondément sensuelles et poétiques, jamais banales.

Et maintenant, les Oscars? Wait and see...

samedi 3 janvier 2009

Dans la juuuuungle des chiffres

Comptabiliser, ce n'est pas sale. Passé un certain stade de monomanie cinématographique, c'est même indispensable afin de se rendre compte de l'état de santé de ce qui fut naguère un hobby de jeunesse, un péché mignon qui faisait lever les yeux au ciel à notre entourage (à moins que ledit entourage ne finisse par baisser les bras devant l'étendue des dégâts....). J'aime bien me soumettre à ce petit exercice une fois l'an, pour savoir si j'ai continué à découvrir des films, et à quel rythme, ou si je me tourne de plus en plus frileusement vers ce que je connais déjà. Une manière comme une autre de savoir si je dispose encore d'une marge de progression (et d'envie), ou si je vis de mes rentes sans désir de chercher plus loin.



Mes petites statistiques 2008 sont les suivantes:

  • nombre total de films vus: 193 (en ne comptant que les longs et moyens métrages). Il est loin le temps où je culminais à plus d'un film par jour en moyenne... et ce n'est pas forcément plus mal!
  • nombre de films vus au cinéma: 21, donc pas loin de 2 par mois! C'est un chiffre énorme si l'on prend en compte les multiples contraintes qu'impose une sortie au cinéma (il faut être d'humeur, pas trop fatiguée par le travail, pas d'autre impératif, le choix du film doit être raccord avec celui de mon compagnon, et surtout, surtout, la baby-sitter doit être disponible).
  • proportion de films découverts (vus pour la première fois): 63,7%. Soit une proportion quasi inchangée depuis deux ans, et qui semble indiquer que mes explorations continuent de progresser gaillardement. Voilà qui fait plaisir!