samedi 18 avril 2009

La vie des autres - Florian Henckel von Donnersmarck, 2006




Début des années 80, Allemagne de l'Est. Georg Dreyman (Sebastian Koch) est un dramaturge apprécié du régime, ne serait-ce que pour sa docilité et le contenu bénin de ses pièces. Pour son malheur, sa compagne est aussi son interprète principale, Christa-Maria Sieland (Martina Gedeck), que convoite un libidineux ministre. Cette attirance, ainsi que la conviction que personne ne peut être réellement innocent, va motiver la mise sous surveillance du couple par l'agent de la Stasi Wiesler (Ulrich Mühe)...



Lors de sa sortie en salles j'avais découvert ce film avec des sentiments assez partagés, tout en étant conquise par
la reconstitution du Berlin-Est de ces années là et par la performance du regretté Ulrich Mühe (déjà très grand dans les films autrichiens de Haneke). Il m'a été plus facile cette fois-ci de me laisser porter par l'émotion très intime instillée au cœur de cette fresque, et de saisir la subtilité du propos.


Le cinéaste, également auteur de l'histoire originale, parvient en effet à mêler différentes réflexions à son tableau des ravages opérés par le communisme et, au-delà, par la manie de la surveillance des personnes et des idées qui accompagne tout régime de type totalitaire. Il fait de ce climat de suspicion permanente et de secrets un climat véritablement mental et sentimental qui reproduit à l'extérieur ce qui se passe à l'intérieur d'un couple, détruit progressivement sous les yeux d'un témoin d'abord hostile, puis compatissant. Il donne à voir l'effritement progressif de la confiance en l'autre, les compromissions de l'intégrité personnelle ou artistique, la lâcheté d'une Christa-Maria profondément consciente de ne pouvoir parvenir au niveau des idéaux de pureté de son compagnon et meurtrie de son sentiment d'indignité.



Florian Henckel von Donnersmarck nous parle aussi d'un homme qui, mandaté pour causer la perte de ces artistes, est soudain touché par la grâce que véhicule leur art, ému jusqu'aux tréfonds et changé à jamais par ce qu'il a entrevu et clandestinement partagé.

Cet homme solitaire, rouage obéissant et souple d'une vaste machine à broyer les volontés, se retrouve confronté à la Beauté inconditionnelle, à des idées qui ne se laissent pas avilir par la terreur, à la croyance en la bonté de l'être humain - à l'Amour en somme. Il devient dès lors le protecteur, l'ange gardien presque omnipotent de la vie de ces "autres" dont il s'imprègne émerveillé, se mettant en péril jusqu'à passer dans le camp des traîtres au régime. Sans regret jamais puisqu'il a reçu comme un cadeau la possibilité d'entrevoir qu'une lumineuse forme de liberté, au loin.





lundi 13 avril 2009

Robert Downey Jr., je vous aime



Je viens de voir Kiss kiss bang bang et je commence déjà à l'oublier, c'est dire la puissance du film. Mais je m'en fiche, ce n'était qu'un prétexte à assouvir un plaisir coupable de pure midinette: voir s'ébattre Robert Downey Jr., le prince des cabotins, et le reluquer sous toutes les coutures de ses grimaces et mimiques.



Si vous n'accrochez pas à cet acteur, je vais avoir du mal à vous faire comprendre ce que je lui trouve. Mais je vais essayer quand même.





Robert Downey Jr. n'est pas seulement votre beau gosse moyen doté d'un talent d'acteur moyen. C'est à la fois un clown et un Pierrot lunaire, un grand sensible et un enfant terrible - s'il faut parler par clichés. Il est crédible en héros romantique (dans le moitié-raté Fur de Steven Shainberg), il est crédible en play-boy devenu super-justicier dans Iron Man.

Ou plutôt il joue à être improbable dans ces rôles, tout en sachant que son (authentique) génie métamorphique s'occupe du reste pour lui. Avec toujours en filigrane son bonus track, son hypersensibilité toute personnelle, l'impression qu'en plongeant dans ses yeux on trouvera la source des années d'excès qui ont failli avoir sa peau. Son côté Larry Paul si l'on veut, du nom de ce personnage qu'il incarna brièvement dans la série Ally McBeal et qui faisait craquer par sa fantaisie douloureuse. Je suis fan, j'avoue.