Pourquoi ce titre? Parce qu'entre autres activités Chabrol a traduit les titres de films américains, notamment pour certains films de Nicholas Ray lors de leur distribution en France. Le titre français de Bigger than life, Derrière le miroir, c'est lui. Et sa dernière contribution fut donc le titre français du premier film de la franchise Nightmare on Elm Street. Tout ceci je l'ai appris grâce à l'excellente interview de Chabrol par Frédéric Taddéi sur Europe 1 dans le cadre de son émission Regarde les hommes changer.
Claude Chabrol vient donc de nous quitter, à l'âge de 80 ans. Ses dernières apparitions le montraient très amaigri, flageolant, ce n'est donc pas une surprise.
De sa production foisonnante j'ai vu relativement peu de films, mais quelques-uns m'ont marquée.
La cérémonie d'abord, formidable marche funèbre vers un fait-divers sanglant, fruit de la frustration sociale exacerbée, avec les deux plus formidables actrices françaises à mon sens (Sandrine Bonnaire et Isabelle Huppert).
Betty, découvert très récemment, qui m'a beaucoup touchée (un peu à la manière de Une femme sous influence de Cassavetes) par son délicat portrait de femme poussée à la faute par l'impératif de perfection et d'effacement. Un film en tout cas dont la tendresse donne tort (ce n'est pas si souvent) à Fassbinder, qui citait Chabrol comme l'exemple, avec Godard, du cinéaste qui n'aimait pas ses personnages.
L'enfer, continuation chimérique d'un film maudit de Clouzot que l'on regrettera toujours de n'avoir pas vu fini, avec un vertigineux François Cluzet (désolée Emmanuelle Béart, vous étiez ravissante et pulpeuse, mais voyez-vous Romy c'était encore autre chose).
Merci pour le chocolat, psychodrame bourgeois glacé aux ellipses vénéneuses, hanté plus que joué par Huppert.
Au revoir, Chacha.