Chers lecteurs, je n'ai pas posté depuis pas mal de temps et pour cause, la ligne de conduite que je m'étais fixée quant à la tenue de ce blog me l'interdisait. Je n'ai jusqu'ici causé que de films, et encore! de films qui m'avaient suffisamment impactée - ont dit comme ça, Coco, en langage manadjeurial - pour que je m'escagassasse à trouver les mots pour en parler (oh yeah).
Or ces derniers temps j'ai vu fort peu de fims ("Gaspe!", entends-je dans la salle tandis que les plus voraces visionneurs s'évanouissent à la seule perspective d'un jeûne). Je ne suis pas spécialement victime de la vogue des séries américaines (j'ai boffé d'importance devant Desperate housewives ou 24h chrono et je termine Six feet under... avec à peine 4 ans de retard sur tout le monde) mais j'avoue, oui, je confesse avoir passé cette dernière semaine sous l'emprise de l'une d'elles. Pas très connue de surcroît, à moins de cela je ne pense pas que je prendrais la peine de vous en parler.
Je n'avais jamais entendu parler de It's always sunny in Philadelphia avant de jeter un œil blasé (d'origine) dessus. Tout juste mon mari m'avait-il vanté les commentaires lus çà et là sur le Net, et la présence de Danny DeVito (ce dernier critère pouvant à mes yeux présager du cabotinage mesurable sur l'échelle de Richter tout comme une véritable drôlerie). En aurais-je su plus que je n'aurais pas été moins surprise.
Le point de départ est minimaliste: quatre amis, ou plutôt trois (Mac, Charlie et Dennis) plus Dee, la sœur jumelle de Dennis , tiennent un bar irlandais, le Paddy's, à Philadelphie. Ils sont trentenaires, célibataires et.... tous plus veules, lâches, bêtes et amoraux les uns que les autres. Et lorsque je vous ai dit cela je ne vous ai finalement rien dit, habitués que vous êtes (que je l'étais jusque-là) à l'édulcoration systématique de toutes les questions de sociétés abordées par les séries.
Ici on ne se cache pas derrière son petit doigt, c'est le moins que l'on puisse dire. Tout y passe, le jeu de massacre n'épargne rien ni personne à commencer par nos joyeux protagonistes. Rien que dans le cours des deux premières saisons (celles que j'ai vues), on parle cancer, avortement, pédophilie, alcoolisme, addiction aux drogues, recherche du père, racisme, conflit israélo-palestinien, concupiscence envers la mère d'un copain, détention d'armes à feu, patriotisme.... Le moins que l'on puisse dire c'est que ces sujets sont traités systématiquement sous l'angle le plus ironique possible.
Ainsi, dans l'épisode Charlie Wants an Abortion, les garçons vont se mêler successivement à des manifestations pour ou contre l'avortement dans le seul but de draguer les jolies militantes (ça vous donne une idée de la pureté générale de leurs intentions et de la force de leurs convictions). Dans Charlie Has Cancer, plusieurs personnages vont prétendre avoir un cancer pour s'attirer des faveurs (le principe est le même avec Charlie Gets Crippled qui aborde les handicaps physiques). Dans The Gang Goes Jihad, un homme d'affaire israélien achète le bâtiment voisin du Paddy's menace de s'approprier celui-ci (il dresse même un équivalent light du mur de Jérusalem), ce qui amène nos héros à s'essayer au terrorisme (avec, hum, un peu trop de succès). Avec l'épisode The Gang Exploits A Miracle, c'est la religion qui en prend pour son matricule, puisque une étrange tache d'humidité dans l'arrière-boutique du bar, ressemblant vaguement à la Vierge Marie, va être transformée en attraction touristique par notre fine équipe, menée par Danny DeVito, homme d'affaires véreux qui se trouve aussi être le père de Dennis et Dee....
Pour le moment la palme du culot toutes catégories revient sans aucun doute à l'épisode Charlie Got Molested où il apparaît que Charlie pourrait avoir été abusé par un prof (au grand dam de Mac qui avait le même prof et qui ne comprend pas pourquoi lui, si attirant, n'a pas eu droit aux attouchements!), ce qui incite Dennis et Dee, en tant qu'ancien étudiants de psycho, à jouer les thérapeutes pour aider leur copain à surmonter son traumatisme.... On est là au bord du bord du mauvais goût sur un sujet qui, plus qu'aucun autre sans doute, touche la corde sensible et semble impossible à railler, et pourtant on rit à gorge déployée devant les malentendus qui s'enchaînent, la jalousie déplacée de Mac, les buts diversement inavouables poursuivis par chacun.
C'est un condensé parfait de ce que réussit merveilleusement cette série, à coup de dialogues percutants et de mimiques expressives, grâce à des personnages qui sont à la fois des losers et des ados attardés et égocentriques et des situations qui dynamitent gaiement les débats de société pour rire des multiples contradictions de l'Amérique et de ses grands clichés. On peut tirer notre métaphorique chapeau à l'inventivité et au sain mauvais esprit déployé par les deux créateurs-producteurs-scénaristes-interprètes Rob McElhenney (alias Mac, le benêt gaffeur) et Glenn Howerton (a.k.a. Dennis, le beau gosse vaniteux).
PS: Je vous éviterai de farfouiller les sites de ventes de DVDs américains en vous disant que le coffret regroupant les deux premières saisons (sous le titre Philadelphia) est disponible en France, youpi donc!
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