dimanche 16 janvier 2011

Identité nationale ta mère: Le nom des gens (Michel Leclerc, 2010)



Ce n'est pas courant de voir un film français, sorti depuis près de deux mois, faire salle comble dans un cinéma passablement excentré. Même un samedi soir. Même si la salle, au départ, n'est pas bien grande. 
C'est ce que Le nom des gens a réussi hier soir, ce qui semble suggérer un buzz soutenu - le même buzz, limite trop dithyrambique, qui m'a amenée là, au milieu de tout le monde. 


On a forcément très envie que le film mérite son bouche-à-oreille favorable, tant le sujet parle au cœur de toute personne un minimum attachée à "certaines valeurs", dites "de gauche" (surtout par ceux qui sont de l'autre bord). 
Arthur Martin (Jacques Gamblin) est un spécialiste des épizooties aviaires, dont l'expertise est abondamment sollicitée en pleine psychose du virus H5N1. Homme méticuleux, pondéré (comme de juste jospiniste: un gage de sérieux... et de manque de flair), il se débat pour concilier un nom à consonance électroménagère et une famille qui a occulté l'origine juive de sa mère, et la mort des grands-parents en déportation. Bahia Benmahmoud (Sara Forestier) fait "des grandes choses avec son cul" (sic) en convertissant d'abominables "fachos" (re-sic): le responsable des jeunesses UMP se retrouve ainsi à élever des chèvres, le jeune entrepreneur aux dents longues et amateur de quad plaque tout pour rejoindre une ONG. Elle, le fruit juteux et exagérément pulpeux d'un mariage multiculturel (maman est une baba blonde furieusement militante, papa un peintre immigré d'Algérie) semble incapable de stabiliser le décolleté de ses vastes pulls qui finissent toujours par dévoiler tout ou partie de son soutif  (ou absence de) à des mâles qui n'en peuvent mais. 

En l'espèce, Arthur se laisse rapidement emporter par le charmant quoiqu'agaçant ouragan femelle. Il est perplexe d'abord mais très vite amoureux fou de sa trublionne (il l'adore quand elle s'énerve, elle l'adore quand il fait la gueule).  Bien entendu ils vont tenter de concilier leurs contraires et leurs secrets, bref à la fois accepter ce qu'ils sont et aider l'autre à faire la paix avec son bagage personnel et familial. 



On l'aura compris ce film est plein de bonnes intentions, et pour les besoins de la comédie il ne se prive pas de piques anti-sarkozystes (parfois) un poil faciles. Les scènes les plus intimes, les plus tendres, sont filmées avec un grain d'image très chaud, un cadrage qui sent presque le film de vacances au caméscope, c'est sans doute trop sucré tout ça.... Mais on ne peut pas nier la sincérité de la démarche, ni le fait que plus d'une réplique, plus d'une situation touchent juste, touchent droit au cœur. Certaines scènes dégagent même beaucoup de poésie et de gravité, telle celle où Gamblin (on ne le dira jamais assez ni assez fort, ce type est un acteur prodigieux), venu récupérer le cadavre d'un cygne, reçoit par téléphone une mauvaise nouvelle. 
Alors oui, le film un peu brouillon, l'énergie qu'il dégage fleure parfois la même naïveté gamine et bordélique que le personnage de Bahia (le traitement façon BD n'aide pas toujours), on peine parfois à retrouver le fil de l'histoire entre la comédie de couple et la satire sociétale teintée de politique. Mais ce que je retiens c'est que ça fait du bien (surtout après une journée infernale à courir partout), que c'est généreux et vraiment mignon - sans aucune des connotations désobligeantes que, blasés que nous sommes, nous attachons habituellement à cet adjectif.


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