" À faire l'amour sur des malentendus On vit toujours des moments défendus"
nous affirmait un tube qui fleurait bon les années 80 - années des working girls libérées de tout sauf du matérialisme ambiant. Irène (Audrey Tautou, qu'on prend un franc plaisir à redécouvrir moins minaudière et plus complexe) semble n'avoir jamais vécu que dans cette ère friquée et flambeuse qui aurait enveloppé d'un cocon doré les stations balnéaires chics. Irène travaille dur à plaire et à s'assurer la rente de sa séduction auprès de vieux beaux avinés, lorsque le "malentendu" de la chanson déboule dans ses jolies pattes de colibri de palaces: Jean (les grandes mirettes bleu layette et la gestuelle touchante de gaucherie de Gad Elmaleh) est serveur mais un concours de circonstances le fait brièvement passer pour un beau parti. Irène fond devant l'argent, mais lorsque l'illusion se dissipe elle saute aussi sec dans son fourreau couture et se carapate.
Tout le film, dès lors, va se construire autour de la subtile et graduelle acclimatation de l'un face à l'autre. D'abord le coup de cœur sans détour de Jean se heurte à la vénalité brutale d'Irène, puis la contourne lorsqu'il se trouve une protectrice: aux yeux de la jeune femme (qu'il tutoie désormais) il fait désormais partie de la même classe qu'elle, ils peuvent s'entraider. Jean va même au-delà, l'apprenti-homme entretenu dépassant son maître, quand Irène se retrouve démunie et donc mise hors-jeu; il a pour elle, qui monnaye si âprement son temps de présence, un geste de bonté purement gratuit (même si financé directement par les faveurs de sa riche mécène). Irène doit se rendre à l'évidence, il est des sentiments qui ne demandent rien à personne, et qui ne coûtent "que" le renoncement à sa petite stratégie de survie solitaire.
La comédie que nous propose Salvadori est enlevée mais pas frénétique, charmante et (petit exploit au vu du contexte) pas vulgaire, avec même un petit pétillement doux-amer de gueule de bois au champagne, rafraîchissant après d'autres films de ce réalisateur davantage basés sur l'humour macabre. Je n'ai pas bien compris certaines critiques opérant une comparaison défavorable entre Hors de prix et les comédies de Lubitsch: on sait l'admiration portée au réalisateur de Haute pègre (Trouble in paradise) par son cadet, pour autant je ne pense pas que Salvadori cherche le moins du monde à refaire ce qui a été déjà (et si remarquablement) fait. La musique de Salvadori, sous des atours guillerets, est moins primesautière qu'il n'y paraît et le glaçage de la comédie romantique ne peut masquer totalement une pointe de poivre. Irène est une créature vaine et creuse qui ne verra le bonheur qui s'offre à elle qu'en étant déchue de son titre de favorite, situation extrème à la mesure de l'étendue de son erreur. J'aime aussi beaucoup la délicatesse des petites touches, idées de cadrage et trouvailles dans l'ellipse, qui disent l'attirance mutuelle entre les deux protagonistes principaux, l'incompatibilité entre leurs modes de vie respectifs, l'apprentissage d'un langage commun pour, enfin, parvenir à parler d'amour. La petite marionnette à plaisir Irène prend vie grâce au baiser d'un sentiment désintéressé.
Tout le film, dès lors, va se construire autour de la subtile et graduelle acclimatation de l'un face à l'autre. D'abord le coup de cœur sans détour de Jean se heurte à la vénalité brutale d'Irène, puis la contourne lorsqu'il se trouve une protectrice: aux yeux de la jeune femme (qu'il tutoie désormais) il fait désormais partie de la même classe qu'elle, ils peuvent s'entraider. Jean va même au-delà, l'apprenti-homme entretenu dépassant son maître, quand Irène se retrouve démunie et donc mise hors-jeu; il a pour elle, qui monnaye si âprement son temps de présence, un geste de bonté purement gratuit (même si financé directement par les faveurs de sa riche mécène). Irène doit se rendre à l'évidence, il est des sentiments qui ne demandent rien à personne, et qui ne coûtent "que" le renoncement à sa petite stratégie de survie solitaire.
La comédie que nous propose Salvadori est enlevée mais pas frénétique, charmante et (petit exploit au vu du contexte) pas vulgaire, avec même un petit pétillement doux-amer de gueule de bois au champagne, rafraîchissant après d'autres films de ce réalisateur davantage basés sur l'humour macabre. Je n'ai pas bien compris certaines critiques opérant une comparaison défavorable entre Hors de prix et les comédies de Lubitsch: on sait l'admiration portée au réalisateur de Haute pègre (Trouble in paradise) par son cadet, pour autant je ne pense pas que Salvadori cherche le moins du monde à refaire ce qui a été déjà (et si remarquablement) fait. La musique de Salvadori, sous des atours guillerets, est moins primesautière qu'il n'y paraît et le glaçage de la comédie romantique ne peut masquer totalement une pointe de poivre. Irène est une créature vaine et creuse qui ne verra le bonheur qui s'offre à elle qu'en étant déchue de son titre de favorite, situation extrème à la mesure de l'étendue de son erreur. J'aime aussi beaucoup la délicatesse des petites touches, idées de cadrage et trouvailles dans l'ellipse, qui disent l'attirance mutuelle entre les deux protagonistes principaux, l'incompatibilité entre leurs modes de vie respectifs, l'apprentissage d'un langage commun pour, enfin, parvenir à parler d'amour. La petite marionnette à plaisir Irène prend vie grâce au baiser d'un sentiment désintéressé.