dimanche 18 mai 2008

Une semaine de vacances - Bertrand Tavernier, 1980



Une semaine dans la vie, dans la tête de Laurence (Nathalie Baye). Une jeune prof de collège à Lyon, en 1980. Trente et un ans, un petit ami, Pierre (Gérard Lanvin), des parents qui vieillissent doucement dans un petit village des environs, une copine un peu délurée. La vie d'une personne socialement intégrée, sans histoire. Quoique... Il y a cette très vieille dame dont elle observe l'immobilité depuis sa fenêtre sans jamais aller la voir. Il y a cette crise de panique qui la saisit avant d'aller travailler et qui lui vaut un arrêt de travail, une semaine pour reprendre son souffle, reprendre pied, reprendre contact avec les autres.

Le temps de se poser des questions qui ne sont pas nouvelles mais que dans la galopade des jours elle ne parvient pas à résoudre. Pourquoi cette impression de n'être pas à la hauteur de sa tâche, quand elle donne le meilleur d'elle-même à ses élèves, et que, de son propre aveu, elle ne peut pas se passer d'eux? Pourquoi repousse-t-elle Pierre, qui sans être le garçon le plus subtil de la Terre l'aime sincèrement et rêve d'avoir un enfant avec elle?
Il semble y avoir en Laurence un bout d'enfance pas finie qui barre la porte, l'empêche de s'impliquer ailleurs que dans son métier, la retient de participer totalement à la vie des autres. Peut-être aussi le sentiment diffus de son inadéquation, d'une imposture, puisque ce n'est pas la vie qu'elle avait choisi au départ. Alors elle joue avec ses doutes et l'idée de tout plaquer, juste pour voir si ça lui manquerait et si elle manquerait à quelqu'un, pour éprouver le vertige au seuil d'un geste aussi radical que puéril..... puisqu'au fond d'elle elle le sait, elle ne partira pas.Je ne m'attendais pas à prendre autant de plaisir à ce film de Tavernier, en premier lieu parce que je ne pensais pas que lui, le réalisateur engagé avide de s'inscrire dans l'Histoire, il pourrait réussir un aussi joli portrait de femme, une si délicate miniature enclosant un bout d'une vie particulière, à un moment particulier. Et pourtant si, on s'attache à cette jeune femme qui fait de son mieux et qui a peur que ça ne soit pas assez, on l'accompagne d'un épisode à l'autre: l'élève qui se croit idiote, le veuf en mal d'affection, l'amant pédant de la copine, le père malade... On ne saura pas, à la fin, ce qui sera advenu de Laurence, revenue requinquée de son congé, mais on aura goûté la rencontre.



Aucun commentaire: