Il suffit de l'entrevoir dans l'embrasure des rideaux de sa chambre, dans les premières minutes de Écrit sur du vent (1956), démarche chaloupée sur fond de lit froissé, paupières lourdes et narines frémissant, sentant peut-être déjà avec délices l'odeur du sang... On sait déjà que Marylee Hadley est une garce de compétition.
Il suffit de voir, dans La ronde de l'aube (1958), sa silhouette tout entière tendue vers son homme qui virevolte dans les airs, son regard captif et sa respiration suspendue, sa vie captive volontaire d'une existence de saltimbanques où la renommée est factice mais le danger bien trop vrai... On sait déjà que LaVerne Shumann ferait n'importe quoi par amour.
Deux films de Douglas Sirk, deux personnages incarnés par Dorothy Malone, la sinueuse et insinuante petite bibliothécaire à lunettes (et brune!) que rencontre Humphrey Bogart dans Le grand sommeil, et qui lui fait un gringue d'enfer au passage. Les deux rôles qu'elle tient chez Sirk pourraient être des stéréotypes, et le sont dans une certaine mesure (skin deep, en surface, pourrait-on dire). L'interprétation qu'elle donne, et le mentorat d'un réalisateur qui avouait s'intéresser avant tout aux personnages ambivalents, permet d'apercevoir d'autres réalités.
LaVerne saute en parachute vêtue d'une robe légère pour affrioler le public masculin mais, à moitié nue, confie dans le noir son amour désespéré pour un époux distant (Robert Stack). Elle est entourée d'admirateurs plus ou moins silencieux (Jack Carson, Rock Hudson) mais plutôt que de se laisser réconforter par des hommes qui la respectent elle laisse son mari l'utiliser comme monnaie d'échange de la manière la plus dégradante qui soit.
Marylee se donne au petit bonheur des rencontres d'un soir mais uniquement pour étourdir le désespoir de voir l'homme qu'elle aime depuis l'enfance, Mitch (Hudson), ne la considérer que comme une sœur. Un amour qui repose non seulement sur l'impossibilité de cette relation, mais aussi (surtout) sur le fait que le modeste et si droit Mitch est bien plus digne de l'héritage des Hadley que ne sauraient jamais l'être Kyle (Stack) l'alcoolique ou Marylee la nymphomane, rejetons dégénérés seulement doués de la conscience aiguë de leur indignité.
Ainsi, avec ces deux rôles, Dorothy Malone dessine les contours changeants de femmes amoureuses à sens unique, qui lacèrent leur fierté pour courir après un bonheur impossible et sont, quasiment par vocation, condamnées au malheur d'être celles qui restent lorsque tout a brûlé. Grâce à elle, nous voyons vibrer à l'écran une onde de chaleur, la sensualité à la fois agressive et tourmentée de ses personnages, qui possèderont pour toujours ses yeux cernés d'amante désabusée.
Il suffit de voir, dans La ronde de l'aube (1958), sa silhouette tout entière tendue vers son homme qui virevolte dans les airs, son regard captif et sa respiration suspendue, sa vie captive volontaire d'une existence de saltimbanques où la renommée est factice mais le danger bien trop vrai... On sait déjà que LaVerne Shumann ferait n'importe quoi par amour.
Deux films de Douglas Sirk, deux personnages incarnés par Dorothy Malone, la sinueuse et insinuante petite bibliothécaire à lunettes (et brune!) que rencontre Humphrey Bogart dans Le grand sommeil, et qui lui fait un gringue d'enfer au passage. Les deux rôles qu'elle tient chez Sirk pourraient être des stéréotypes, et le sont dans une certaine mesure (skin deep, en surface, pourrait-on dire). L'interprétation qu'elle donne, et le mentorat d'un réalisateur qui avouait s'intéresser avant tout aux personnages ambivalents, permet d'apercevoir d'autres réalités.
LaVerne saute en parachute vêtue d'une robe légère pour affrioler le public masculin mais, à moitié nue, confie dans le noir son amour désespéré pour un époux distant (Robert Stack). Elle est entourée d'admirateurs plus ou moins silencieux (Jack Carson, Rock Hudson) mais plutôt que de se laisser réconforter par des hommes qui la respectent elle laisse son mari l'utiliser comme monnaie d'échange de la manière la plus dégradante qui soit.
Marylee se donne au petit bonheur des rencontres d'un soir mais uniquement pour étourdir le désespoir de voir l'homme qu'elle aime depuis l'enfance, Mitch (Hudson), ne la considérer que comme une sœur. Un amour qui repose non seulement sur l'impossibilité de cette relation, mais aussi (surtout) sur le fait que le modeste et si droit Mitch est bien plus digne de l'héritage des Hadley que ne sauraient jamais l'être Kyle (Stack) l'alcoolique ou Marylee la nymphomane, rejetons dégénérés seulement doués de la conscience aiguë de leur indignité.
Ainsi, avec ces deux rôles, Dorothy Malone dessine les contours changeants de femmes amoureuses à sens unique, qui lacèrent leur fierté pour courir après un bonheur impossible et sont, quasiment par vocation, condamnées au malheur d'être celles qui restent lorsque tout a brûlé. Grâce à elle, nous voyons vibrer à l'écran une onde de chaleur, la sensualité à la fois agressive et tourmentée de ses personnages, qui possèderont pour toujours ses yeux cernés d'amante désabusée.