Bruno (Patrick Dewaere) revient des États-Unis, où il était incarcéré. Il s'est désintoxiqué et a appris à travailler dur, pour lui la page serait tournée s'il n'y avait le silence entourant les circonstances de la mort de sa mère pendant son absence. Il retrouve son père (Yves Robert) pour découvrir que celui-ci le voit toujours comme un délinquant, et le tient responsable de la mort de son épouse. Bruno tente tant bien que mal de se construire une vie avec une famille de substitution (Jacques Dufilho, Brigitte Fossey, David Pontremoli) mais les blessures mal refermées le font trébucher...
Il ne m'est pas facile d'analyser rationnellement un film qui m'a touchée d'aussi près. Vous pouvez rire de moi, c'était le premier film avec Dewaere que je voyais (à l'exception des Valseuses, mais seule contre presque tous je n'aime pas Blier), et j'ai été bouleversée par le besoin enfantin et viscéral d'amour et d'approbation qu'il trimballe dans ce film, sa douleur dépassant tout devant le ressentiment de son père. Numéro d'acteur magnifiquement balancé par celui offert par Yves Robert, d'ailleurs: on ne pouvait pas rêver duo d'interprêtes plus contrasté, le grand sensible écorché vif et le vieux lion taiseux, et l'on mesure bien dès les premières scènes ensemble le vaste pays d'incommunicabilité qui les a toujours séparés. Ces deux-là n'ont simplement jamais vécu ensemble mais côte à côte, la mère défunte étant seule autorisée à franchir leurs frontières et à parler leurs langages respectifs. Ils se connaissent mal, ne se comprennent pas et ne se sourient jamais, comme le souligne la mise en scène pudique de Sautet qui sait saisir les regards qui n'arrivent pas à se rencontrer.
Devant ce mur de rancœurs, Bruno n'a que deux choix possibles: se laisser dériver de nouveau au fil de ses mauvais courants, ou faire barrage d'opiniâtreté et préserver le peu de bonheur qu'il a su acquérir. C'est le passage à l'âge d'homme qui se négocie derrière tout cela, ce moment fatidique où l'on pourrait aussi bien ployer sous les tragédies familiales que les défier, et les fragilités que Bruno découvre chez d'autres lui révèlent ses propres forces, contre toute attente.
Il ne m'est pas facile d'analyser rationnellement un film qui m'a touchée d'aussi près. Vous pouvez rire de moi, c'était le premier film avec Dewaere que je voyais (à l'exception des Valseuses, mais seule contre presque tous je n'aime pas Blier), et j'ai été bouleversée par le besoin enfantin et viscéral d'amour et d'approbation qu'il trimballe dans ce film, sa douleur dépassant tout devant le ressentiment de son père. Numéro d'acteur magnifiquement balancé par celui offert par Yves Robert, d'ailleurs: on ne pouvait pas rêver duo d'interprêtes plus contrasté, le grand sensible écorché vif et le vieux lion taiseux, et l'on mesure bien dès les premières scènes ensemble le vaste pays d'incommunicabilité qui les a toujours séparés. Ces deux-là n'ont simplement jamais vécu ensemble mais côte à côte, la mère défunte étant seule autorisée à franchir leurs frontières et à parler leurs langages respectifs. Ils se connaissent mal, ne se comprennent pas et ne se sourient jamais, comme le souligne la mise en scène pudique de Sautet qui sait saisir les regards qui n'arrivent pas à se rencontrer.
Devant ce mur de rancœurs, Bruno n'a que deux choix possibles: se laisser dériver de nouveau au fil de ses mauvais courants, ou faire barrage d'opiniâtreté et préserver le peu de bonheur qu'il a su acquérir. C'est le passage à l'âge d'homme qui se négocie derrière tout cela, ce moment fatidique où l'on pourrait aussi bien ployer sous les tragédies familiales que les défier, et les fragilités que Bruno découvre chez d'autres lui révèlent ses propres forces, contre toute attente.
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