Oui je sais je suis en retard, mais que voulez-vous, la saison est propice aux disp... euh, aux réunions de famille, qui elles-même vous incitent à abuser de l'alcool (si ce n'est pas pour des raisons festives et conviviales, au moins pour soutenir vos nerfs soumis à rude épreuve), ce qui a fatalement pour résultat de vous faire comater jusqu'à une heure fort avancée de la journée. Vivement le retour au boulot, lundi, pour qu'on puisse souffler un peu, corne de bouc!
Voici donc ce que je retiendrai de mon année 2009 à moi, émaillée de 183 films dont 22 vus en salle, pas si mal......
L'empathie qui vous prend à la gorge: Les noces rebelles dans sa globalité, et plus particulièrement le personnage joué par ma chère Kate Winslet. Je ne comprends pas que ce film ait été si peu récompensé par rapport à The reader, à qui il ne le cède en rien en matière d'intensité dramatique, de mise en scène ou de jeu d'acteurs. Peut-être cette dissection froide et inconfortable des glissements de terrain intimes a-t-elle semblé moins glamour aux jurys, allez savoir.... En tout cas je ne peux pas repenser à la fin sans un serrement d'estomac (non, pas de cœur, à cette période de l'année seules mon appareil digestif est encore fonctionnel).
Dans un registre un peu différent, le prologue de Là-haut, qui retrace la longue vie de couple de Carl et d'Ellie: un trésor de douceur, tout est là, les plans sur la comète et les espoirs déçus, la complicité, la tendresse. On a fait le test avec mon mari: à la revoyure, on finit en larmes pareil.
Le bijou visuel: Azur et Asmar, juste wow à tous les niveaux. On aimerait passer de l'autre côté de l'écran et se balader dans ces décors féériques.
Le frisson de sensualité: la scène de danse dans le café de 35 rhums - inutile d'en rajouter, j'ai déjà tout dit dans mon papier.
De l'art (plus ou moins maîtrisé) de mystifier son monde: par un pur hasard, j'ai découvert Forgotten silver la veille du jour où j'ai vu La jeune fille de l'eau.
Le premier est un faux documentaire autour d'un réalisateur imaginaire, hommage à la fois nostalgique et humoristique à l'ère des grands pionniers du cinoche: la mystification marche parfaitement parce qu'elle est intelligente et mise sur la culture du spectateur (et non sur sa crédulité).
Le second film est un conte invraisemblable autour d'une ondine échouée dans notre monde, proie de forces maléfiques, et qui va être secourue grâce à la solidarité déployée par la faune humaine bigarrée d'une petite résidence. Ça dégouline (hihi) de mièvrerie et le scénario mise tellement outrageusement sur la suspension d'incrédulité que l'on se demande si ce n'est pas aussi au spectateur de tenir la caméra, tant qu'à y être. La mystification dont il est question est bien celle de Shyamalan, qui est parvenu à se faire passer pour un auteur auprès de certains critiques.
Le prix "petites socquettes et gomina": Le blob, c'est trop bath!
La trouillasse: Carnival of souls, malaise garanti de la première à la dernière minute.
Le prix "dans ta face, Eric Besson": Welcome, what else? Le film n'est peut-être pas aussi bon que ce que certains ont pu dire, mais il a le mérite immense de mettre le doigt sur l'hypocrisie et l'inhumanité foncières des lois anti-immigration actuelles.
L'ironie à l'italienne, aussi inimitable que l'espresso et le tiramisu: Les monstres, La cité des femmes, Au nom du peuple italien. Ah la vache, ils sont forts tout de même. Et en plus ils ont George Clooney pour voisin, c'est trop pas juste.
Le prix "beaucoup de bruit pour pas lourd": Je vais bien, ne t'en fais pas (ce n'est plus un twist final, c'est un sprotch); The dark knight (le problème avec la surenchère, c'est qu'elle finit par anesthésier les terminaisons sensorielles; le problème avec les films dont un des protagonistes est mort en cours de tournage, c'est que ce point annihile toute initiative critique); The wrestler (à l'écran comme dans la vie, le chantage aux émotions à base de loser-au-grand-cœur me hérisse); la trilogie de Jason Bourne (ah, c'est donc de là que vient cette mode pour le secouage de caméra? parce que les scènes d'action étaient jusque-là odieusement lisibles, sans doute?).
La grosse fatigue: Whatever works. Woody, je ne dirai pas que j'étais folle des derniers films où tu te frottais à la jambe de Scarlett Johansson, mais par comparaison c'était moins pire que ce retour en arrière mal gaulé. Ce qui te sauve c'est d'avoir casté cette formidable foldingue de Patricia Clarkson, sois-en remercié.
Il faut le voir pour le croire: Veerana, improbable film de sorcière/vampire à la sauce Bollywood, qui mixe des idées piquées au Masque du démon et à une ribambelle de classiques de la Hammer. Les scènes qui s'essayent à être sexy sont risibles, un personnage qui semble échappé du Benny Hill Show tente de soulager la tension à coup de blagues pataudes, le père de l'héroïne met deux heures de plus que le spectateur à comprendre ce qui se passe (sur deux heures et quart de film). C'est fabuleux.
Cette fois c'est sûr, c'est pas pour moi: Antonioni en général, L'éclipse en particulier (bâille).
Ben non, ça non plus: OSS 117 ne me fait pas rire.
Le total respect de celle qui fait pleuvoir quand elle chante: Walk the line. Accessoirement, je ne connaissais rien à la biographie ou à la musique de Johnny Cash et le film de James Mangold est parvenu à me captiver de bout en bout (à l'inverse, lapin compris à I'm not there, peut-être un brin trop conceptuel pour ceusses qui ne sont pas nés fans de Dylan). Et puis pfiouuuu, Reese et Joaquin, quoi.
La claque, la classe: la découverte de Mikio Naruse, avec Quand une femme monte l'escalier et Nuages épars. Quelle intensité, quelle retenue!
Bye bye: Christian Poveda, le courageux documentariste des maras salvadoriennes (voir absolument La vida loca, son film posthume), tué dans un règlement de comptes. Brittany Murphy, pour moi à jamais associée à l'arriviste gouailleuse qu'elle incarnait dans 8 mile, décédée d'une crise cardiaque (et de probables interactions médicamenteuses). Et Patrick Swayze, parti d'un pas dansant de l'autre côté...
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