Voir ce film-là précisément lors de la Journée Internationale de la Femme, ça ne manque pas de sel, et j'en ai pouffé plus d'une fois au cours de ces très longues deux heures....
Qu'on en juge:
Un film monté de toutes pièces pour exposer le cleavage vertigineux (quoique maintenu en place et dans les limites de la décence par des raccords de tissu aux épaules: jamais de fait on ne la voit aussi débraillée que sur les photos promotionnelles du film) de la toute jeune débutante qu'est alors Jane Russell (disparue tout récemment). En permanence on flirte avec les situations "limites" du point de vue du code Hays (corps-à-corps homme/femme dans une grange mais masquée par l'ombre des bottes de paille, la pure jouvencelle Russell se glisse dans le lit d'un blessé pour le réchauffer mais on la quitte alors qu'elle ôte ses chaussures) cependant on n'attrapera au vol qu'un chouilla de sillon mammaire lorsqu'elle se penche. On se demanderait presque pourquoi ce film a fait un tel scandale (si ce n'était pour le génie du marketing sulfureux de Hughes).
Un film qui tourne pour l'essentiel autour d'une querelle autour.... d'un cheval volé (que l'un des protagonistes préfère, un temps, à Jane Russell... voilà pour l'aspect "Journée de la Femme"). Je n'ai pas chronométré avec précision, mais je pense qu'environ les deux tiers du film (qui est très, très long, l'ai-je déjà mentionné?) sont occupés par cette querelle essentielle et captivante. Dear, dear.
Un film accompagné, que dis-je? nappé, tel le gâteau déjà sucré par le glaçage superfétatoire, par des effets sonores dignes d'un cartoon (la trompette à sourdine y est sur-employée) et une musique qui réussit le double exploit d'être i) continuelle (je n'ai gardé le souvenir d'aucun véritable silence) et ii) utilisée en dépit du bon sens élémentaire de l'action (musique "suspens" lors d'une scène intimiste, mélodie guillerette voire comique lors d'une scène de tension dramatique). J'ai plus d'une fois maudit la version originale non sous-titrée qui nous empêchait de suivre le film sans le son, je ne savais plus quoi faire pour échapper à ce gloubi-boulga sonore.
Un film dont le scénario met cul par-dessus tête la légende des hors-la-loi de l'Ouest. Pat Garrett jaloux (au sens quasiment amoureux du terme...) de la relation privilégiée entre Doc Holliday et l'éphèbe Billy The Kid, vraiment, vous êtes sûrs??? Hawks (l'autre H.H., qui d'ailleurs devait initialement piloter cette chose avant que le boss Hughes ne reprenne, heu, le manche) au moins, lorsqu'il mettait en scène amitiés et rivalités masculines, le faisait avec bien davantage de subtilité (sans parler du rythme, des dialogues... oui je sais, je me fais du mal avec cette comparaison).
Un film dont tous les interprètes semblent cruellement déphasés, comme anxieux de remplir leur contrat sans s'attirer les foudres de leur patron qui, pas de bol, est aussi le mec derrière la caméra. Tout le monde semble marcher sur des œufs (raison pour laquelle le compositeur a composé au kilomètre, le monteur n'a quasiment rien coupé sur ces deux heures, le scénariste n'a jamais pu lâcher le "Howard, enfin, c'est ridicule!" qui le démangeait sans nul doute? Bon sang, être une petite souris sur ce tournage!...). Walter Huston et Thomas Mitchell, quoiqu'excellents acteurs au naturel, sont en roue libre, tendance rictus mécanique, la Russell débute donc se laisse ballotter (et ses atouts de comédienne avec elle) par une histoire inepte.
Le summum du n'importe quoi est sans doute atteint, dépassé dans un "bang" retentissant par le non moins débutant Jack Buetel dans le rôle du Kid. Plus inexpressif, plus a-charismatique (n'existe pas, m'en fous), tu meurs avec tes éperons aux pieds. La scène durant laquelle, plutôt que de dégainer face à son nouvel ami Doc (sous-texte homo?), il se laisse transpercer les lobes d'oreilles sous ses balles (sous-texte homo!), le tout sans même battre un de ses longs cils, est purement risible. Je pense que même les ZAZ de la grande époque se seraient dit "Non là tout de même, c'est trop gros". Sans grande surprise devant un tel potentiel, une consultation de l'IMDb nous apprend que Buetel fit une carrière relativement brève (moins de 20 ans), limitée pour l'essentiel au Western et comptant 6 films pour autant de séries TV. Ouf.
Si on résume, une grande rigolade devant un film passé à la postérité pour des raisons qui n'ont pas grand-chose à voir avec sa qualité cinématographique brute, mais plutôt avec ce qu'aujourd'hui on nommerait le buzz.
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