Foshan, Chine, 1936. Baosen, un grand maître du kung-fu envisage de passer la main et Ip Man (Tony Leung), lui-même maître reconnu de l'un des styles de cet art martial, fait figure de favori. C'est compter sans la fille de Baosen, l'orgueilleuse Gong Er (Zhang Ziyi), seule héritière de la technique dite des "64 mains" de son père, et l'élève favori de ce dernier, l'ombrageux Ma San (Jin Zhang), qui se rebelle contre les volontés de son mentor. Le tout sur fond d'occupation de la Chine par le Japon, d'exil à Hong-Kong et de déchéance sociale, de lutte entre les différentes écoles de kung-fu et d'histoire d'amour jamais assouvie entre Ip Man et Gong Er...
Comment dire?.... Ce film est beau, plastiquement beau, on ne va pas se mentir. Mais il est aussi long, vachement long, surtout lorsque comme moi on s'en talque un peu du kung-fu. Et puis terriblement embrouillé: je me flatte volontiers d'avoir une mémoire bien charpentée mais au bout de la première demi-heure, rien à faire, j'étais paumée dans la diplomatie byzantine entre les représentants des différents styles et rien, dans les entrelacs sophistiqués du montage, ne me permettait de vraiment me raccrocher.
Du coup j'en étais réduite à attendre que la magie wongkarwaïenne daigne opérer, bien décidée à ne pas me laisser pousser sur la touche comme ça. Des beaux moments, il y en a - le combat sous la pluie qui ouvre le film, la démonstration des talents de Gong Er devant Ip Man, le duel à mort entre la jeune femme et l'assassin de son père, par exemple. Mais ils se situent pour moi dans des sphères de géométrie glaciale et d'esthétisme besogneux qui ne me touchent guère. Et en tapant cela je réalise combien cette dernière partie de ma phrase pourrait décrire tout aussi adéquatement les films précédents de Wong Kar-wai qui, à l'exception du bancal My blueberry nights, m'avaient pourtant émue... allez comprendre!
De The Grandmaster je ne retire qu'un ténu, mais déchirant, fil conducteur: le parcours parallèle de deux individus (Ip Man et Gong Er) sacrifiant tout à la mission qu'ils se sont donnée de faire vivre un art qui les isole du commun des mortels, moine et vestale gardant la flamme d'un monde disparu et dont le souvenir les rassemble par-delà les rivalités et le temps. A ce titre c'est la performance de Zhang Ziyi, délicate et inflexible lame de chair tendue vers une vengeance qui la consumera, qui me remue profondément, davantage que celle d'un Tony Leung pétrifié dans l'incarnation d'un monument national.
De The Grandmaster je ne retire qu'un ténu, mais déchirant, fil conducteur: le parcours parallèle de deux individus (Ip Man et Gong Er) sacrifiant tout à la mission qu'ils se sont donnée de faire vivre un art qui les isole du commun des mortels, moine et vestale gardant la flamme d'un monde disparu et dont le souvenir les rassemble par-delà les rivalités et le temps. A ce titre c'est la performance de Zhang Ziyi, délicate et inflexible lame de chair tendue vers une vengeance qui la consumera, qui me remue profondément, davantage que celle d'un Tony Leung pétrifié dans l'incarnation d'un monument national.