Rex et Saskia sont deux amoureux en vacances, faisant la route sans se presser depuis les Pays-Bas où ils vivent vers le Sud de la France. Saskia est fantasque et ses taquineries ne sont pas toujours du goût de son trop sérieux compagnon, lequel ne comprend pas les insécurités de la jeune femme - mais ces deux-là, quoique mal assortis, s'aiment. A l'occasion d'une pause sur une aire d'autoroute Saskia disparaît, laissant Rex convaincu qu'elle a été enlevée. Fidèle à la promesse qu'il lui a faite de ne jamais l'abandonner, Rex consacre les trois années suivantes à enquêter sans relâche sur cette disparition, écumant les plateaux de télé et collant des affiches sur les lieux du drame, quitte à éloigner de lui sa nouvelle amie. Intrigué par cette persévérance, le ravisseur décide de prendre contact avec Rex et de lui accorder sa requête: savoir ce qu'il est advenu de Saskia...
A rebours des films d'enquête, plus ou moins basés sur des faits-divers, L'homme qui voulait savoir frappe par son refus de céder aux effets faciles du thriller - à l'image de la méticulosité et du caractère froidement obsessionnel de ses deux personnages principaux: le fiancé refusant de faire son deuil (Gene Bervoets) et le criminel (Bernard-Pierre Donnadieu) - tout en entretenant une atmosphère malaisante de conte. Oui, de conte, car il se dégage bel et bien une impression d'irréalité fantastique de l'accumulation des rêves, des avertissements, des présages et des coïncidences. Il y a le rêve récurrent, qui trouvera son explication à la fin du film; Rex abandonnant Saskia dans la voiture tombée en panne et ne la retrouvant pas à son retour; les multiples imprévus qui ont failli faire échouer l'enlèvement; les indices présents à la limite du champ de vision de Rex, que celui-ci effleure mais dont il ne reconnaîtra pas la valeur.
L'identité de l'ogre de ce conte n'est jamais un mystère puisque nous avons été rendus témoins de ses préparatifs (presque joyeux, et émaillés de quelques moments burlesques) par le menu et que nous l'avons suivi dans sa vie bien réglée de notable de province jovial. Ce Raymond Lemorne est à ce point tranquille dans sa respectabilité insoupçonnable qu'il se permet d'utiliser sa famille (à son insu) dans l'élaboration de son plan. Ou plutôt de son expérience scientifique, car il s'agit pour lui d'établir objectivement s'il est capable de faire le mal. En cela il ne se montre pas plus déviant que Rex, pour qui l'éventualité de la mort de Saskia (qui ne fait guère de doute, quand bien même il se refuse à l'admettre) est devenue moins importante que le fait de savoir, quoi qu'il lui en coûte. Ce sont deux idées fixes qui entrent en collision, celle détenant les réponses ne pouvant qu'avoir l'avantage et de la plus glaçante des manières - car puisque nous sommes dans un conte celui-ci suit sa propre logique jusqu'au bout*.
* On notera avec intérêt (?) que George Sluizer réalisera 5 ans plus tard un auto-remake de ce film sous le titre La disparue (doté du même titre international que l'original, à savoir The vanishing) avec Kiefer Sutherland dans le rôle du fiancé et Jeff Bridges dans celui du ravisseur. Mais surtout, avec une fin totalement différente qui annihile toute l'originalité de cette histoire! Moralité: on n'est jamais aussi bien desservi que par soi-même?
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