mercredi 8 mai 2013

Can't start a fire without a spark: The place beyond the pines (Derek Cianfrance, 2012)

Schenectady, Etat de New York. 
"Handsome" Luke (Ryan Gosling) est un cascadeur à moto qui change de ville au gré des fêtes foraines. La veille du départ de la caravane il croise Romina (Eva Mendes), avec qui il a eu une aventure à l'occasion de son précédent passage, un an plus tôt. La jeune femme souhaitait lui parler mais demeure finalement mutique, incitant Luke à revenir la voir le lendemain. Il découvre que Romina a eu un fils, le sien... La découverte le bouleverse, lui l'enfant abandonné par son père, et l'incite à se fixer là et à prendre soin de cet enfant - quitte à forcer la main de Romina, qui n'a aucune confiance en lui, et à faire irruption dans le foyer qu'elle a construit avec son compagnon. Très rapidement Luke s'aperçoit qu'il ne parviendra pas à pourvoir aux besoins de son fils par des moyens légaux, et se résout à utiliser son talent de pilote de moto pour commettre des braquages de banque. Son parcours criminel l'amène à croiser la route d'Avery (Bradley Cooper), un jeune officier de police ambitieux qui a lui aussi un très jeune fils. La rencontre s'avèrera être déterminante dans la vie des deux pères, tout comme dans celle des deux fils, 15 ans plus tard...



Cascadeur, blouson, Ryan Gosling, braquage, violence... Nan, c'est pas Drive. C'est filmé d'une manière beaucoup plus naturaliste (encore que... il faudrait s'entendre sur le sens de ce mot; disons que nous ne sommes pas dans la stylisation extrême de Winding Refn), et Gosling joue, sur la durée totale du film, un rôle beaucoup plus bref - quoique probablement tout aussi marquant. Car c'est son personnage, très tôt sorti du cadre, qui brûle la pellicule et marque à jamais les autres personnages du film. Le fils en manque de père qui tente à toute force d'être un père à son tour, maladroitement, ne se rendant compte que trop tard que la voie prise le prive à tout jamais de son enfant... Une crispation de mâchoire, un visage détourné, un sourire d'enfant alors qu'il parle de faire goûter sa première crème glacée au bébé: c'est tout ce qu'il faut à Gosling pour faire passer une émotion et faire venir la larme, ce type est fort. 



Le problème, c'est lorsque le poids du film glisse de lui à Bradley Cooper. Cooper, faute d'être un acteur aussi accompli que Gosling, ne laisse rien filtrer qui permette d'éprouvre quoi que ce soit pour son personnage de flic monté en épingle à la suite d'un fait-divers et qui exploite sa popularité pour se lancer dans la politique. Les péripéties qui font se rencontrer les deux jeunes hommes et provoquent la crise finale sont interminables et se perdent dans des détails inutiles, qui semblent n'avoir été écrits que pour renforcer le poids du destin qui lie les deux familles. Je ne suis pas convaincue que la vie soit un scénariste aussi prévisible.


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